Pourquoi les filles sont davantage victimes que les garçons ?

Les jeunes sont très présent·es sur Internet et les réseaux sociaux, mais cela n’a pas les mêmes conséquences pour les filles et pour les garçons. Les filles sont exposées à des cyberviolences spécifiques, le plus souvent en lien avec leur apparence physique ou leurs comportements sexuels (réels ou supposés) qui sont jugés, notés, commentés… En un mot : contrôlés.

Pourquoi les filles en particulier ?

En ligne comme hors ligne, les règles de représentation sont souvent plus strictes et plus codifiées pour les filles que pour les garçons. On retrouve ici les rôles basés sur des stéréotypes sexistes qui sont attribués aux filles et aux garçons dès l’enfance, renforcés par les média, la téléréalité, les clips musicaux, le cinéma ou encore les publicités, qui enferment souvent les femmes dans des clichés. Si les filles ne respectent pas ces codes, elles peuvent être cibles de violences.

La mécanique sexiste des cyberviolences

  • Pour gagner en popularité, les filles sont incitées par le groupe à se mettre en scène, notamment à publier des images d'elles.
  • Les images de leur corps sont davantage commentées, notées, jugées, sexualisées… et rediffusées sans leur accord : cela leur échappe, comme si leur corps et leur image ne leur appartenaient pas.
  • Leur vie privée est davantage observée et commentée.
  • Les garçons gagnent en popularité en accumulant des photos de filles (et en prouvant ainsi leur hétérosexualité), alors que les filles craignent d'être exposées à des violences suite au partage de ces photos.
  • Les filles sont culpabilisées lorsque leurs images sont diffusées sans leur consentement, alors que ce sont les personnes qui les ont diffusé qui sont coupables.

Popularité VS Réputation : un processus inégalitaire

Le cybersexisme est lié à la notion de réputation qui cible spécifiquement les filles. Ces dernières sont souvent jugées sur leur comportement sexuel (réel ou non) ou sur leur physique (leur manière de s’habiller par exemple). Elles se voient attribuer une réputation (c'est à dire une étiquette péjorative et sexualisée) si elles s’éloignent de ces codes. La réputation repose aussi sur une frontière imperméable entre les « filles bien » (« qui se respectent ») et les autres. En bref, les cyberviolences contribuent à contrôler la sexualité des jeunes femmes.

Pour aller plus loin

  •  Le podcast « Mise à nudes » épisode 301 de l'émission Programme B, Binge Audio, 2020. Dans ce podcast, des jeunes témoignent de leur rapport aux nudes (photos intimes) et des conséquences différenciées pour les filles et les garçons.
  • L'épisode 5 de la saison 1 de la série Sex Education, Netflix, 2019. Cet épisode porte sur la diffusion non consentie d'une image à caractère sexuel et montre que la honte ne devrait pas être du côté de la victime.
  • Les travaux de la sociologue Isabelle Clair : extraits en vidéo sur la chaîne YouTube du Centre Hubertine Auclert.

SEXISME ET RACISME, LA DOUBLE DISCRIMINATION !

Le cybersexisme peut aussi se croiser avec d’autres formes d’oppressions, et notamment le racisme : par exemple, le terme/insulte « beurette » véhicule une représentation misogyne et raciste qui hypersexualise et déshumanise les femmes d'origine maghrébine. Il en est de même pour le terme insultant « niafou » qui cible et sexualise les femmes noires.

Selon une étude d'Amnesty International menée sur Twitter auprès de 778 femmes journalistes et/ou politiques du Royaume-Uni et des Etats-Unis en 2017 : les femmes non-blanches ont 34 % plus de risques d'être visées par des tweets haineux que les femmes blanches, en particulier les femmes noires qui ont 84 % plus de risques d'être visées par un tweet haineux que les femmes blanches (Amnesty International, 2018).

Pour aller plus loin

Et pour les garçons ?

Les garçons dont les attitudes ne sont pas jugées assez viriles ou qui n’affichent pas de multiples relations avec des filles peuvent aussi être la cible de cyberviolences, notamment de remarques et de harcèlement homophobe.

 

® Mirion Malle

CYBERSEXISME ET LGBTPHOBIES

Les personnes qui ne correspondent pas aux normes de genre (définissant ce que devraient être « un vrai mec » ou une « fille bien ») ou de sexualité (être hétérosexuel) peuvent être la cible de cybersexisme.

Le cybersexisme renforce les dynamiques sexistes mais aussi les discriminations contre les personnes LGBTQI+ (lesbiennes, gays, bi*, trans*, queer*, intersexes*).

Par exemple, outer une personne LGBTQI+ c'est-à-dire exposer son identité de genre ou son orientation sexuelle sans son accord, c'est une cyberviolence et une atteinte à la vie privée.

Pour aller plus loin